L'histoire du fromage

Il est l’un des aliments manufacturés des plus anciens et remonte vraisemblablement à la préhistoire.
 
Il  serait  apparu en même temps que l’élevage, à l’époque néolithique, c’est-à-dire 7 000 ans avant Jésus-Christ, cependant il est tellement ancien que l'on ne peut dater avec précision les premières fabrications. Aucune preuve ne permet de déterminer avec certitude la région d'origine de la fabrication du fromage, qui peut se trouver en Europe, en Asie centrale ou au Moyen-Orient. Cependant, des preuves convaincantes montrent que la production laitière était pratiquée en Égypte et à Sumer environ 3100 ans avant notre ère, et que des prairies existaient au Sahara dès le quatrième millénaire avant JC, récemment on a même retrouvé des faisselles polonaises datées de plus de 7000 ans.
 
Son invention est sans doute liée à la pratique du transport de lait dans des vessies faites de panses de ruminants, sources de présure, qui servaient de sacs. En effet, dans les organes, notamment l'estomac, il y a ce que l'on appelle la présure, ce qui est un élément  indispensable à la fabrication du fromage. Les peaux et les organes des animaux étaient faits pour stocker les aliments et ce serait en fait par hasard que le premier fromage serait apparu :
Un nomade de l’époque constata que le lait s’était transformé en une substance à moitié solide. Curieux et affamé, il goûta à son « lait » pour découvrir que cette substance avait une certaine saveur.
 
Ce mode de transformation du lait devint un secret de fabrication bien gardé. Par exemple, dans l’ancienne Égypte, seuls les
Prêtres détenaient ce secret.
 
La fabrication du fromage s'est répandue en Europe dès l'époque du mythe hellénique et, selon Pline l'Ancien, elle est devenue une technique élaborée dès le début de l'Empire romain, quand des fromages appréciés étaient expédiés à longue distance pour satisfaire les goûts de l'élite romaine.
Récits d’Homère narrant la fabrication du fromage selon le Cyclope, découvertes archéologiques en Mésopotamie ou urnes à fromage dans les sépultures des Pharaons, les premières traces de son existence remontent à l’Antiquité (entre -3500 et -2800 ans avant JC).
 
Chez les Romains et les Grecs, Les fromages étaient considérés comme un produit de base de leur alimentation et comme un ingrédient à utiliser dans les plats salés ou sucrés, mais accessibles surtout aux riches.
À l’époque de l’empire romain, la fabrication du fromage était assez perfectionnée pour qu’on compte au moins  treize variétés de fromages. Ce sont d’ailleurs les Romains qui ont inventé le pressoir afin de perfectionner la technique de l’égouttage du caillé, technique qu’ils exportèrent jusqu’en Grande-Bretagne.
Le premier à formuler clairement les différentes étapes nécessaires à la fabrication du fromage est le romain Columelle, en 60 après JC dans son Traité d’Agronomie. Il y recommande de faire cailler le lait avec l’estomac de jeunes veaux non sevrés ou avec du suc de figuier. Le caillé est ensuite égoutté dans des corbeilles de joncs ou des récipients en bois percés puis pressé à l’aide de lourdes pierres. Columelle précise également l’importance du sel dans la fabrication de ce met, qui relève son goût, mais participe également à son séchage et à sa conservation.
A cette époque le fromage faisait déjà partie de la ration quotidienne des légionnaires romains, César lui-même aurait succombé au charme d’un bleu dégusté à Saint Affrique, à quelques kilomètres de Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron, Midi-Pyrénées)...
Mais avec la chute de l’Empire romain et l’invasion des barbares une multitude de recettes de fromages ont petit à petit disparu. Seules quelques méthodes de fabrication ont pu être conservées dans des monastères ou des vallées très reculées. C’est dans ces lieux de recueillement, qu’au fil des années, pour assurer leur subsistance, les moines, avec toute la patience et le soin nécessaire, mettent au point de nombreuses recettes de fromages, qui d’ailleurs existent encore de nos jours.
Mais le fromage ne reste pas longtemps l’apanage d’une minorité.
 
C’est au Moyen-âge que les moines d’Europe inventent les techniques d’affinage. Ceux-ci fabriquaient des fromages aux saveurs plus douces. Dans le Jura et les Alpes, certaines communautés de paysans montagnards s’affranchissaient et se regroupaient en « fruitières », leur permettant de confectionner de gros fromages.
 

En 732, plusieurs régions ont donné leur nom à des fromages qui sont encore commercialisés aujourd’hui comme, entre autres, le Poitou, la Vallée de Munster, la ville italienne de Gorgonzola et la région de Maroilles.
 
En 1217, Blanche de Navarre fait parvenir deux cent fromages de Brie à Philippe Auguste pour qu’il puisse les offrir en cadeau aux dames de sa cour car déjà, on apprécie les vertus nutritives du fromage !
Dès le 13ème siècle, les fermières, pour assurer leurs revenus et tirer un maximum de leur production laitière, mettent au point de nouvelles variétés de fromages. C’est ainsi que naît, en 1267 à Déservilliers (Doubs, Franche-Comté), la première coopérative française.
 
Au 16e siècle, la reine Élisabeth I faisait officiellement la promotion du Cheshire que l’on fabriquait depuis déjà depuis trois siècles.
 
C’est au 19e siècle que l’histoire du fromage va prendre un grand tournant !
L’industrie du fromage à pâte fraîche fut lancée en France vers 1850 par Charles Gervais après sa visite chez une fermière, dame Héroult, qui fabriquait du fromage frais. Il est à l’origine de la fabrication des « petits suisses », technique d’égouttage par couches effectuée par la pression des sacs de toile contenant le caillé les uns sur les autres pour obtenir un caillé plus ou moins pressé.
 
La pasteurisation fût découverte à partir de 1857. Louis Pasteur, chimiste et biologiste, découvre que des micro-organismes provoquent la fermentation de certains aliments, notamment le lait,  et démontre par ses études l’influence de la chaleur sur la destruction plus ou moins complète des bactéries pathogènes. Son disciple Emile Duclaux adapte ce procédé au fromage quelques années plus tard. Ce progrès technologique est devenu un procédé industriel.
En 1880 : La collecte du lait s'organise pour la fabrication du fromage. 
Grâce à la « pasteurisation » le 19ème siècle sera celui de la révolution du monde fromager, qui va prendre son essor et se diversifier pour entrer dans une nouvelle aire, celle de l’industrie fromagère qui progresse rapidement. La France peut se vanter de produire de nombreux fromages parmi lesquels certains dont la réputation n’est plus à faire : le Maroilles, le Brie, le Neufchâtel en Bray, le Camembert, le Roquefort, le Bleu de Sassenage.
 
Aujourd’hui, l’industrie du fromage bat son plein, la France produit plus de 500 fromages et l’éleveur, le laitier et le fromager demeurent des savants qui continuent à perpétuer un art aussi vieux que la nuit des temps.
 
Plusieurs facteurs influencent le goût et la saveur du fromage : la saison, le climat, des micro-organismes précis, la qualité des sols et des pâturages, l’espèce des animaux laitiers (vaches, chèvres et brebis), les techniques de fabrication, le savoir-faire d’affinage, autant d’éléments qui donnent envie de partir à la découverte de toutes ces merveilles !
Le mot « fromage » vient du nom du moule pour faire le fromage.
 
À l'origine, au 13ème siècle on faisait cailler le lait dans des formes percées de trous pour qu'il s'y égoutte. Ces faisselles se nommaient « forma » en latin tandis que le nom grec « formos » désignait les récipients d'osier dans lesquels on déposait le caillé. « Forma » devient « formage »  issu du latin « formaticum » qui signifie « ce qui est fait dans une forme ».
Au 14ème siècle, il devient fourmage, on en retrouve la trace dans fourme, nom régional de certaines spécialités de fromages, puis, au 15e siècle, apparaît enfin le terme « fromage!
 
C'est donc le récipient et le fait de "mettre en forme", c'est-à-dire de mouler le lait caillé, qui a donné son nom au fromage. On comprend bien l'importance du travail de transformation et l'objectif de conservation du lait dans l'origine étymologique et historique du fromage.